U R O M A S T Y X   (Merrem, 1820)

par OLIVIER ANTONINI

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Tableau 1

Classification

 

GROUPE DES ACANTHINURA

 

1.   Uromastyx acanthinura acanthinura (BELL, 1825)          Algerie, Tunisie, Lybie

     Uromastyx acanthinura nigriventris  (HARTERT, 1913)   Sud-Ouest du Sahara algerien, Maroc,

                                                                                                    Mauritanie

 

2.   Uromastyx dispar dispar (HEYDEN, 1827)                        Soudan, Tchad

     Uromastyx dispar flavifasciata (MERTENS, 1962)            Sahara Occidental

     Uromastyx dispar maliensis (JOGER & LAMBERT, 1996) Mali, Sud-Ouest de l’Algerie

 

3.  Uromastyx geyri (MULLER, 1922)                                       Sud de l’Algerie, Mali, Niger

                                                                                                    (montagne d’Hoggar)

 

4.  Uromastyx alfredschmidti (WILMS & BOHME, 2000)        Ouest de la Lybie et Sud de l’Algerie

 

 

GROUPE DES AEGYPTIA

 

5.  Uromastyx aegyptia aegyptia (FORSKALL, 1775)              Egypte (à l’est du Nil), Soudan, Israel

    Uromastyx aegyptia microlepis (BLANFORD, 1874)           Nord de l’Arabie Saoudite, Israel, Syrie,

                                                                                     Irak, Iran, Jordanie

 

 

6.   Uromastyx leptieni (WILMS & BOHME 2000)                     Oman, Emirats Arabes Unis

 

7.   Uromastyx occidentalis (MATEO & BONS, 1999)              Sahara Occidental

UROMASTYX D’IRAN

8.   Uromastyx asmussi (STRAUCH, 1863)                              Iran, Afghanistan, Pakistan

 

UROMASTYX INDIEN

 

9.   Uromastyx hardwickii (GRAY, 1827)                                   Pakistan, Sud-Est de l’Afghanistan, Nord

                                                                                             de l’Inde

UROMASTYX D’IRAK

 

10.  Uromastyx loricata (BLANFORD, 1874)                             Irak, Iran

 

GROUPE DES OCELLATA

 

11.   Uromastyx benti (ANDERSON, 1894)                               Yemen, Oman, Sud de l’Arabie Saoudite

 

12.   Uromastyx ocellata (WERMUTH, 1967)                            Nord-Ouest de la Somalie, Djibouti,

                                                                                                     Erythrée, Nord du Soudan, Sud de l’Egypte

 

13.   Uromastyx ornata ornata (HEYDEN, 1827)                  Est de l’Egypte, Israel, Arabie Saoudite

       Uromastyx ornata  philibyi (PARKER, 1938)                    Arabie Saoudite, Yemen

 

14.  Uromastyx macfadyeni (PARKER, 1932)                           Nord-Ouest de la Somalie

 

 

UROMASTYX DE SOMALIE

 

15.  Uromastyx princeps (O’ SHAUGNESSY, 1880)                Ethiopie, Somalie, Est du Kenya, Zanzibar

 

UROMASTYX D’OMAN

 

16.  Uromastyx thomasi (PARKER, 1930)                                Oman, Yemen, Sud de l’Arabie Saoudite

 

 

 

 

  Le genre Uromastyx (MERREM, 1820) fait partie de la famille des Agamides et de la sous-famille des Uromastycinae.

Selon la nouvelle classification proposée par Thomas Wilms et Wolfgang Böhme en 2001, il comprend 16 espèces et 9 sous-espèces (voir Tableau 1).

  La zone de repartition de Uromastyx est une zone très étendue qui, à partir du Sahara occidental, traverse tout le Nord de l’Afrique, le Moyen Orient, l’Irak, l’Iran, le Sud de l’Afghanistan, le Pakistan jusqu’au Nord-Ouest de l’Inde (voir Fig. 1).

  Uromastyx, appelé « dob » en arabe et « fouette-queue » en français en raison de la manière de se défendre en fouettant avec sa queue épineuse, est un lézard herbivore, terrestre, sédentaire, diurne et héliophile.

  Il occupe les biotopes pierreux et rocheux des milieux désertiques tandis qu’on ne le trouve pas sur les terrains sabloneux qui constituent des barrières à ses déplacements.

    Toutes les espèces de Uromastyx sont classées en ANNEXE II de la Convention internationale sur les espèces en danger (Convention on International Trade in Endangered Species, C.I.T.E.S.) dite aussi "Convention de Washington". Les individus prélevés dans la nature doivent être donc vendus avec un numero de CITES. Ceci permet de contrôler le commerce international de cette espèce qui est considerée comme relativement menacée dans son habitat naturel.

  L’importation des Uromastyx en Europe occidentale est limitée seulement à certaines espèces qui sont donc plus connues que d’autres par leur détention et reproduction en captivité.               

  A ma connaissance, on peut se procurer, avec plus ou moins de facilité, en France, Uromastyx acanthinura nigriventris, Uromastyx dispar maliensis, Uromastyx dispar flavifasciata, Uromastyx geyri, Uromastyx aegyptia aegyptia, Uromastyx ocellata, Uromastyx ornata ornata et Uromastyx hardwickii.

 

  Les notes qui suivent concernent la maintenance de six espèces d’Uromastyx :

ê      Uromastyx acanthinura nigriventris

ê      Uromastyx dispar maliensis

ê      Uromastyx geyri

ê      Uromastyx aegyptia aegyptia

ê      Uromastyx ocellata

ê      Uromastyx hardwickii

  Parmi ces espèces, quatre ont été reproduites au cours des trois derniers années dans les locaux de l’association Bébésaurus, c’est-à-dire : U. a. nigriventris, U. d. maliensis, U. geyri et U. ocellata.

 

Aménagement du terrarium

 

 Les dimension du terrarium varient selon la taille et l’âge des animaux.

  Un couple reproducteur de taille moyenne (U. acanthinura, U. d. maliensis, 35-40cm environ) ainsi que les petits groupes (3 ou 4 individus) d’Uromastyx de petites taille (U. ocellata, 30cm maximum) ou de taille moyenne (U. hardwickii, U. geyri, 35cm environ) sont logés dans des terrariums qui ont une surface au sol de 100x100cm ou 180x50cm.

  Les deux groupes de 3 individus U. a. aegyptia, Uromastyx de grande taille (70-75cm maximum) sont logés dans des terrariums de 200x100cm.

  Les juveniles (20-25cm) sont logés seuls dans des terrariums 100x50cm.

  Quand cela est possible, une bonne profondeur sera privilegiée car les Uromastyx se sentent plus en sécurité s’ils ont du recul par rapport à l’"exterieur".

  La hauteur des terrariums varie entre 50cm et 60cm. Ceci permet d’aménager grâce au décors (souche, écorce de liège…) un endroit prés du néon (30cm maximum), là où les lézards peuvent profiter du rayonnement UVA et UVB. Généralement, Uromastyx ne grimpe pas sur les branches, sauf  pour U. ocellata ou pour les juveniles.

  Sur les côtés du terrarium ou au plafond  il y a des aérations grillagées (mes terrariums sont en bois sur les trois côtés, avec des vitres sur glissières devant) afin qu’il y aie un changement d’air suffisant et empêcher la surchauffe du terrarium.

  Sur un côté du terrarium je met un spot de 60W (ou une lampe à vapeur de mercure mixte de 160W pour les terrarium 200x100cm) à 20cm du sol et avec une pierre plate au-dessous de manière à créer un point chaud qui atteint 45°C-50°C. Au point le plus frais, au côté opposé, la température sera de 28°C environ. Un bon gradient thermique est très important car il permet à l’animal de régler sa température interne par des adaptations comportementales qui lui sont propres. Ainsi qu’il le fait dans le milieu naturel, Uromastyx se chauffe, le matin, par rayonnement en se dressant sur les pattes anterieures, le dos vers la source de chaleur. Cependant, en captivité on peut souvent observer l’animal se chauffer aussi par conduction en s’aplatissant sur la pierre situé sous le spot. Quand il a atteint sa température optimale il s’eloigne de lui-même vers le point le plus frais du terrarium. S’il n’arrive pas à baisser suffisamment sa température interne [c’est-à-dire si elle reste superieure à 39°C en milieu naturel (Grenot, 1976)], Uromastyx manifestera son état par une ventilation rapide en ouvrant la bouche (polypnée thermique), ce qui represente un moyen de refroidissement par évaporation bucco-pharyngée (Grenot &  Loirat, 1973).

  Selon la saison et la température de la pièce, je met en place un tapis chauffant (Habistat®) qui, à la difference des câbles chauffants ne peut pas être aisement déterré.

  Une forte luminosité et une chaleur importante sont essentiels pour une maintenance correcte de Uromastyx en captivité. Ces données sont maintenues constantes pendant la durée du jour qui sera de 14 heures au maximum en juillet-août et de 8 heures au minimum pendant la periode d’hivernage (voir chapitre sur la reproduction).

  Les juvéniles sont chauffés par un petit spot de 40W : leur besoin de chaleur est sensiblement le même que celui des adultes.

  La nuit le chauffage est coupé et la température du terrarium redescend à la température de la pièce qui varie, selon les saisons, entre 15°C et 30°C.

  Pour le substrat, après avoir presque tout essayé et avoir aussi perdu un individu par occlusion intestinale causée par un éclat d’hêtre, j’ai opté pour le Litalabo®, ce sont des minuscules copeaux de bois conçus pour les cobayes qui, même s’ils sont ingerés, ne provoquent pas des bléssures internes car ils ne sont pas coupant et sont éliminés avec les excréments. Une idée intéressante nous vient des Etats Unis où certains éleveurs maintiennent leurs Uromastyx sur un substrat constitué de graines pour oiseaux; pour ce qui me concerne je trouve un tel aménagement pas vraiment économique ni hygièniqe.

  Par contre, je maintiens les nouveau-nés et les juvéniles jusqu’à 11cm environ sans substrat ou sur du Sopalin, ce qui me permet aussi de contrôler plus facilement leurs excréments, source de renseignements sur leur état de santé. Pour la même raison, je garde sans substrat les animaux malades.

  Le décor de mes terrariums est constitué en premier lieu d’une écorce (ou  une tuile), indispensable pour le bien-être de ces lézards qui s’y cachent quand ils sont stressés ou quand ils dorment. Cet abri est  placé du côté frais du terrarium. Pour qu’ils s’y sentent en securité, quand ils y sont debout la tête doit toucher le ‘plafond’ ou, mieux encore, ils ne doivent pas pouvoir s’y tenir debout. En principe, il doit y avoir une cachette par animal, mais j’ai constaté que souvent ils dorment dans la même sans problèmes.

  Dans le terrarium des adultes reproducteurs je place une boite de ponte qui est souvent utilisée comme repaire. Il s’agit d’une bassine 30x40x15cm environ remplie de vermiculite legèrement humide ; sur le devant de cette bassine j’ai pratiqué une ouverture ronde de 8 ou 10cm de diamètre dans laquelle j’ai inseré un tuyau flexible (tuyau de VMC) long de 40-50cm qui represente le "tunnel" d’accés à la "chambre de ponte". Cette dernière est ensuite fermée avec une plaque en PVC ou avec une autre bassine rétournée.

  Une souche assez grande pour permettre aux animaux de s’approcher du néon installé au plafond et qui peut être escaladée facilement ou une écorce qui monte vers le néon constitue la dernière pièce indispensable de mon décor. Selon la place à disposition, j’ajoute également des cactus en plastique, des cailloux, parfois des branches, en prennant toutefois garde à qu’il y aie toujours un espace ouvert suffisant pour permettre aux lézards de se deplacer aisement et notamment de s’accoupler.

  Etant donné la puissance que ces lézards ont dans leurs machoires et la capacité coupante de leurs dents, j’évite les plantes en plastique, dont les feuilles peuvent être ingerées, ainsi que n’importe quelle plante véritable. Je fais aussi attention à que les élements du décor ne soient pas simplement appuyés sur le substrat mais qu’ils touchent le fond du terrarium car en creusant les Uromastyx risquent de se faire écraser par la souche, les pierres etc. (en particulier les juveniles et les animaux de petite taille).

  Tous les deux mois je change le substrat et je passe tout, y compris le decor, à l’eau de javel.

 

Alimentation en captivité

 

  Uromastyx est un lézard herbivore.

  En terrarium son menu de base comprend en premier lieu des végétaux, notamment de la salade et des légumes, qui seront distribués quotidienement. Les salades que je leur donne sont de préférence celles qui ont un bon rapport phospho-calcique (deux fois plus de calcium que de phosphore), donc la scarole, la mâche, la chicorée, le cresson, la frisée, la romaine, les endives, les blettes, les feuilles de navet, le pissenlit, le trèfle, la luzerne. Salon la saison, je leur propose également les feuilles de robinier et de "mûrier-platane".

  Les fleurs aussi constituent un mets de choix, par exemple les fleurs de pissenlit, de trèfle, de robinier, de courgette, d’hibiscus, de forsythia.

  Avec la salade je leur donne aussi un parmi ces légumes : haricots verts, petits pois, courgettes (vendus congelés en sachets et préalablement décongelés), carottes crues rapées ou partiellement cuites, choux de bruxelles, lentilles (réhydratées), pois chiches (réhydratés), pois cassés (réhydratés), haricots mungo (réhydratés).

  Pour ce qui concerne les fruits, je dois dire que mes Uromastyx ne les aiment pas, sauf peut-être les figues et les figues de barbarie. Mais c’est vrai aussi que les goûts changent d’un individu à l’autre et que leurs préférences changent avec le temps. D’ailleur, n’importe quelle nourriture peut être refusée aujourd’hui et appreciée demain.

  Régulièrement, une fois par semaine environ, je leur prépare une coupelle de graines (30 gr environ) que je melange avec du carbonate de calcium. A la différence des salades et des légumes que je donne indifférement aux adultes et aux juvéniles (ce qui change est évidemment la taille des ‘morceaux), les graines ne sont pas les mêmes selon l’âge de l’animal. Pour les juvéniles (à partir de 12cm de taille) : lin doré et brun, quinoa, millet, alfalfa (c’est-à-dire graine de luzerne), tandis que le sarrasin est distribué aux jeunes de plus de 20cm. Pour les adultes : blé, orge decortiqué, sarrasin, tournesol, cacahouètes non grillées pour perroquets, ainsi que les graines des juvéniles. Aux bébés je ne donne pas de graines par crainte d’occlusion intestinale.

  Etant donné le comportement des mes Uromastyx, ces graines ont vite fait de se retrouver éparpillées partout et mélangées au substrat : ça leur permet de se constituer une ‘réserve’ de nourriture, avec des morceaux de légumes ou de salade séchés, qu’ils déterrent par des mouvement vifs des pattes. En fait, même si j’enlève tous les jours le plus gros de la nourriture non consommée, on ne peut empêcher que des débris de ces aliments restent mélangés aux copeaux : mais l’environnement sec dans lequel je les maintiens évite qu’ils pourrissent et ils peuvent donc être consommés (d’ailleurs j’ai remarqué que parfois les Uromastyx les prefèrent aux aliments frais). 

  La salade et les légumes sont saupoudrés avec du carbonate de calcium trois fois par semaine (tout les jours pour les juvéniles et les femelles en phase de reproduction), tandis qu’une fois par semaine (deux pour les jeunes) j’ajoute à la nourriture des vitamines avec un melange de ‘Sofcanis® croissance’ (complement vitaminique pour chiots) et de vitamines pour oiseaux (Ocevital®).

  Pour ce qui concerne les insectes, Uromastyx en captivité mange volontier grillons, criquets, morios ou vers de farine, mais cette nourriture n’est pas indispensable pour sa bonne santé, en particulier si on lui donne des protéines végétales (par exemple  avec les petits pois ou les haricots verts);  il y a même des éleveurs des USA qui ont maintenu leurs Uromastyx, adultes et juvéniles, pendant des années sans leur donner aucun insecte. En outre, chez les adultes, une nourriture trop riche en proteines animales risque de provoquer des maladies hépatiques qui peuvent causer la mort du lézard végétarien, un risque moins important pour les juvéniles ou les femelles en période de reproduction qui ‘recyclent’ l’excès de proteines animales dans la croissance ou la production des œufs. La distribution des insectes sera donc occasionnelle, deux fois par mois environ, plus frequente pour les femelles gravides ou qui viennent de pondre et pour les juvéniles. Des insectes toujours saupoudrés de carbonate de calcium et de vitamines et bien nourris par mes soins. En sachant toutefois que certains des mes Uromastyx ne les apprecient guère, notamment les U. aegyptia aegyptia, tandis que les U. ocellata et U. harwickii en raffollent. Je me suis aussi ‘appuyé’ sur les insectes pour démarrer les nouveau-nés, petits grillons et vers buffalos : apparemment le mouvement des proies excite les bébés.

  Compte tenu de son aire de distribution, Uromastyx ne boit pas d’eau libre en milieu naturel. En captivité, j’ai remarqué que seulement les femelles gravides ou ayant récemment pondu, les nouveau-nés, les animaux fraîchement importés ou malades buvaient systématiquement. Dans ces cas je leur mets à disposition une coupelle plate d’eau. Certains éleveurs préconisent une legère vaporisation matinale dans un coin du terrarium (Wilms, 2002) : pour ce qui me concerne, je ne le fais pas en craignant que cela puisse entrainer une hygrometrie trop importante dans le terrarium. Dans le cas d’animaux déshydratés (cas courant chez les individus nouvellement importés), avec la peau rèche ou des graves problèmes de mues, je leur fais prendre un bain quotidienement pendant quelques jours.

 

Comportement en captivité

 

  Le comportement des Uromastyx en captivité varie d’un individu à l’autre et, surtout, s’il s’agit d’un animal né en captivité ou sauvage, déjà acclimaté ou de récente aquisition, bien nourri et bien chauffé ou stressé et malade. Mais, en règle générale, à partir de mon expérience, je pense que l’idée qu’il s’agit d’un lézard farouche, qui passe sa journée caché, qui essaye de mordre dès qu’on le touche et que de toute façon on ne peut pas manipuler, est fausse. Ce que j’ai constaté c’est qu’au contraire Uromastyx, surtout s’il est né en captivité, est un lézard très curieux qui regarde avec intêret tout ce qui se passe autour de lui, en général il peut être manipulé sans que cela provoque un état de stress tandis qu’il faut éviter de le contenir, la contrainte étant mal supportée par l’animal.

  Une fois dépassée la crainte de l’homme crainte qui, quand elle existe, influence négativement le comportement du lézard Uromastyx est un sujet ideal d’observation. Ceci est encore plus vrai si on maintient un couple ou un groupe car le comportement interspecifique est très varié selon la saison, et particulièrement interessant à la saison des accouplements.

  D’une manière générale, parmi les espèces de Uromastyx que je posséde, U. acanthinura et U. dispar maliensis seront maintenus en couple. Sur la base de mon experience, j’ai remarqué qu’il existe une incompatibilité entre mâles ainsi qu’entre femelles de ces espèces. En fait, non seulement les mâles se ‘bagarrent’ mais les femelles aussi peuvent être agressive entre elles, notamment avant et après la ponte. Les morsures ne sont pas mortelles en soi, c’est-à-dire qu’en générale ils ne s’arrachent pas des morceaux de chair, ne s’etripent pas, souvent ils ne saignent même pas. Pour ce que j’ai pu constater, deux cas de figure peuvent se presenter : ou les deux ‘bagarreurs’ se tiennent tête ou un des deux s’avoue vaincu et s’échappe sous la cachette la plus proche.

  Dans le premier cas ils se font face en élargissant et applatissant leur corps, ils tournent en rond ‘en biais’ en montrant ainsi le dos large et rond et ils se mordent mutuellement sur les côté ou aux cuisses, à l’épaule, à la queue, et, en gardant fortement prise, ils essayent de renverser l’adversaire. Ce qui veut dire que non seulement ils se pincent avec leur ‘bec’ puissant mais la peau pincée est ‘vrillée’ avec des brusques mouvement de tête. Ces batailles peuvent durer longtemps, jusqu’à ce qu’un parmi les adversaires s’enfuit, et même si les blessures ne paraissent pas graves sur le coup, par la suite sous la peau meurtrie se developpent des abcès qu’il faut s’empresser de soigner pour empecher qu’ils evoluent en septicemie (favorisée par l’état de stress profond qui suit l’affrontement). Finalement, là où la peau a été meurtrie les écailles ne repoussent pas et pendant longtemps il reste une peau lisse et blanche pas très reptilienne!

  Dans le deuxième cas de figure, le plus faible ne se bat pas mais il n’a pas de repit non plus, contraint à rester caché il se nourrit peu et mal, ne se chauffe pas et le stress continu dans lequel il vit affaiblit son organisme en ouvrant la voie à diverses maladies.

  Au contraire, les couples vivent ensemble sans trop se disputer, je les sépare seulement une semaine avant la ponte pour permettre à la femelle de pondre tranquillement et éviter d’eventuels dommages aux œufs. Les seuls problèmes que j’ai constaté concernent éventuellement l’insistance avec laquelle le mâle essaye de s’accoupler : si la femelle n’est pas réceptive elle peut "stresser" au point de ne plus vouloir sortir de son repaire. C’est à l’éleveur d’évaluer si le mâle peut rester dans le terrarium ou s’il doit être momentanément isolé.

  Parmi les autres espèces, les U. ocellata peuvent (sauf exceptions) être maintenus "en harem", un mâle avec deux ou trois femelles. Il arrive de temps en temps que les femelles montrent une certaine agressivité entre elles mais il s’agit d’escarmouches pas vraiment serieuses. Bien evidement l’éleveur devra toujours rester vigilant afin qu’il n’y aie pas de changements dans le comportement qui débouchent en combats dangereux pour l’animal.

  Les U. a. aegyptia sont maintenus aussi "en harem", un mâle pour deux femelles, mais jusquelà les femelles ne sont pas toutes sexuellement matures : je ne peux pas affirmer qu’il n’y aura pas d’affrontement entre elles à la saison de la reproduction.

  Pour ce qui concerne les U. hardwickii, je maintien depuis huit mois quatre individus ensemble mais je n’ai pas encore su les sexer : je ne peux donc pas être affirmatif au sujet de la possibilité pour les individus de cette espèce de partager le même terrarium pendant la saison des accouplements. Cependant, dans le milieu naturel U. harwickii a tendance à vivre en colonies (Minton Jr, 1966).

  Finalement pour U. geyri j’ai verifié depuis plus d’un an qu’on peut maintenir les individus de cette espèce en petits groupes composés de deux ou trois mâles et deux ou trois femelles sans qu’il se manifeste aucune agressivité interspecifique même pendant la période des accouplements. De plus, même s’il y a toujours une hiérarchie, tous les individus évoluent normallement et ils ne souffrent pas de la cohabitation. J’ai assisté aussi à un ‘accouplement à quatre’, c’est-à-dire que dès qu’un jeune mâle à commencé à s’accoupler avec une femelle, le plus gros mâle, plus vieux, est arrivé pour prendre sa place et tout de suite après un deuxième jeune mâle a aussi tenté sa chance de manière que pendant quelques minutes la femelle avait trois mâles accrochés sur son dos ! En définitive c’est le plus gros qui a fini pour s’accoupler. Chez un autre groupe, les deux femelles se sont accouplées à tour de rôle avec les deux mâles.

  Pour ce qui concerne les juvéniles, quand ils sont maintenus en groupe, ils suivent souvent les mêmes schémas des adultes. Les jeunes U. acanthinura et U. dispar maliensis peuvent parfois cohabiter dans le même terrarium pendant un laps de temps mais il s’agit toujours d’un équilibre instable vite rompu par l’individu qui, en assumant le rôle de dominant, poursuit d’un bout à l’autre du terrarium ses petits frères et sœurs en leur mordant les flancs et la queue. Ainsi il ne donne plus de repit aux autres en leur ‘volant’ la meilleure place au ‘soleil’, la plus belle cachette, souvent en les empêchant de s’approcher de la nourriture. La condition d’individu dominé est dangereuse à plus forte raison pour un jeunes animal et ne peut être maintenue longtemps. C’est pourquoi je garde separés les juvéniles dès qu’ils deviennent agressifs entre eux : j’ai essayé d’éloigner le dominant mais en l’espace de quelques jours un autre dominant s’impose et le ‘cirque’ recommence.

  Au contraire, les juvéniles U. ocellata, U. a. aegyptia, U. hardwickii et U. geyri ont grandi ensemble sans problèmes.

 

Reproduction en captivité

 

  Tout d’abord je veux preciser que mon expérience dans la reproduction des Uromastyx est très limitée : j’ai reproduit Uromatyx ocellata en 2000 et 2002, Uromastyx acanthinura et Uromastyx dispar maliensis en 2001 et 2002, Uromastyx geyri en 2002. Toutefois, même si, d’après moi, pour une bonne maîtrise de la reproduction sont nécessaires plusieurs années consecutives de succès, je pense avoir appris quelques éléments de base qui ont été jusque là confirmés par des resultats positifs.

 

  hivernage

  La première et la deuxième année que j’ai reproduit mes Uromastyx,  je n’ai pas entamé un veritable processus d’hivernage. N’ayant pas connaissance de donnés sur ce sujet et en me fondant sur l’idée, fausse, que la reproduction des Uromastyx en captivité est très difficile voir impossible, j’ai laissé vivre mes animaux en hiver dans les mêmes conditions que le reste de l’année hormis une baisse de photopériode (10 heures en hiver, 14 heures en été). Du moins c’est ce que je croyais…. J’ai été donc très surpris quand, le 27/02/2000 j’ai vu mes Uromastyx ocellata s’accoupler. Avec le recul, en cherchant les raisons de cet exploit, je me suis rendu compte que le câble chauffant ne marchait plus depuis au moins un mois et que donc dans le terrarium il y avait eu une baisse, ni voulue ni maîtrisée, de la température. Un scenario similaire s’est produit l’année suivante pour une partie des mes Uromastyx acanthinura  et Uromastyx dispar maliensis, justement ceux qui se sont reproduit en 2001, tandis que d’autres femelles de la même espèce logées dans un autre terrarium où la température est restée élevée tout le long de l’hiver, ne se sont pas accouplées.

Tableau 2

Date

Durée du jour

Nourriture

Néon

Spot

08-sept

14h

tous les jours

allumé

allumé

15-sept

13h30

tous les jours

allumé

allumé

22-sept

13h

tous les jours

allumé

allumé

29-sept

12h30

tous les jours

allumé

allumé

06-oct

12h

tous les jours

allumé

allumé

13-oct

11h30

tous les jours

allumé

allumé

20-oct

11h

tous les jours

allumé

allumé

27-oct

10h30

tous les jours

allumé

allumé

03-nov

10h

tous les jours

allumé

allumé

10-nov

9h30

3 fois/semaine

allumé

allumé

17-nov

9h

3 fois/semaine

allumé

allumé

24-nov

8h30

arreté**

allumé

allumé

01-déc

8h

arreté**

éteint

allumé

08-déc

8h

arreté**

éteint

allumé 3h/jour

15-déc

8h

arreté**

éteint

allumé 2h/jour

22-déc

8h

arreté**

éteint

allumé 3h/jour

28-déc

8h30

arreté**

éteint

allumé

05-janv

9h*

tous les jours

allumé

allumé + tapis chauffant

*ici on reprend le cycle inverse en ajoutant une demi-heure de lumière par semaine

23-févr

12h30

tous les jours

allumé

allumé + tapis chauffant

14-mars

13h

tous les jours

allumé

allumé + tapis chauffant

30-avr

13h30

tous les jours

allumé

allumé + tapis chauffant

30-juin

14h

tous les jours

allumé

allumé

** je continue à leur donner à boire

  Fort de cette expérience, et en ayant entre temps pris connaissance des procédés employées par des éleveurs des USA dans la reproduction des Uromastyx, j’ai mis au point un schéma d’hivernage (voir Tableau 2) auquel je me suis tenu au cours des hivers 2001-2002  et 20022003.

  Pendant les trois semaines ‘critiques’ du 08-déc au 28-déc j’ai multiplié mes observations pour m’assurer que tout se passait bien et j’ai remarqué qu’en moyenne un jours sur trois mes Uromastyx sortaient de leur cachette pour se chauffer sous le spot en se retirant dès que les trois (ou deux) heures étaient écoulées. Un tel procedé (et aussi parce-que la température ne descendait jamais au-dessus de 15°C, température minimale atteinte la nuit) permet au lézard de garder sa flore intestinale indispensable pour digerer les végétaux.

  Après cette période les Uromastyx sont naturellement un peu plus maigres que la normale mais ils n’ont pas souffert de la baisse de température et ils ont recuperé très vite.

  Ce schéma a été appliqué aux adultes Uromastyx acanthinura, Uromastyx dispar maliensis et Uromastyx geyri.

  Les juvéniles de ces mêmes espèces ainsi que les Uromastyx aegyptia –qui sont trop jeunes pour pouvoir se reproduire– et Uromastyx hardwickii –qui n’étaient pas en conditions optimales au début de l’hiver ayant été acquis en automne– ont tout de même beneficié d’un changement saisonnier, c’estàdire la journée de 8 heures ainsi qu’une relative baisse de température notamment la nuit (mais je n’ai pas éteint ni le néon ni le spot pendant les 8 heures du jours). Leur comportement d’ailleurs a beaucoup changé pendant cette période, ils sortaient très peu et ils mangaient très peu aussi et la croissance des juvéniles s’est arrêtée.

  Les Uromastyx ocellata continuent pendant toute la durée de l’hivernage à bénéficier de la chaleur et de la lumière diffusées par les spots et à se voir proposer la nourriture un jour sur deux, mais la luminosité diminue car le néon est éteint.  Cette différence de traitement est due au fait que U. ocellata subit à l’état sauvage un hivernage plus doux que les autres espèces du Sahara et du Pakistan. Pour cette espèce (ainsi que pour U. ornata ornata et U. benti) une baisse de température de 5°-10°C en hiver serait suffisante pour stimuler le cycle reproducteur (T. Wilms, 2001).

  A ce propos, il faut se rattacher aux observatons de C. Grenot (1976) en milieu naturel : la température, la lumière et l’humidité influent directement sur le cycle sexuel mais ce serait l’augmentation progressive de la photopériode le stimulus principal qui determine le début de l’activité sexuelle. L’abondance en végétaux qui suit les pluies printanières aurait aussi un rôle important dans ce processus.

  Si une periode de repos hivernale est nécessaire pour reproduire le genre Uromastyx, je crois qu’un léger hivernage est bénéfique à tout âge et independamment de l’objectif de la reproduction, il permet de marquer le mouvement des saisons et, peut-être, contribue à reproduire un environnement plus naturel donc plus favorable au bien-être des animaux en captivité.

 

  Accouplement

  Les parades d’accouplement menées par les mâles se heurtent souvent, au début, à un net refus de la part des femelles. Le mâle commence par des amples hochements de tête verticaux qui entrainent aussi les pattes anterieures en donnant l’impression qu’il ‘fait des pompes’. En même temps il tourne frénétiquement autours de lui-même et au-dessus de la femelle et il essaye de la mordre sur les côtés, sur le dos, à la nuque. Si elle n’est pas réceptive, la femelle essaye de s’échapper, une fois attrappée agite fortement les pattes et, pour être encore plus claire dans son refus, se met sur le dos, ventre en l’air. Cette position rend impossible l’accouplement et le mâle, apres avoir valsé en rond inutilement sur le ventre de la femelle, la laisse tranquille pour essayer de nouveau plus tard.

  Quand la femelle est réceptive elle ne s’enfuit pas face aux avances du mâle et, quand il la pince au cou ou sur le dos, elle soulève la queue en favorisant ainsi la pénetration d’un des deux hemipenis du mâle. L’accouplement dure 35 minutes, il peut y en avoir plusieurs le même jours (même avec des mâles differents) et, à ma connaissance, les Uromastyx s’accouplent pendant environ une semaine, jusqu’à 11 jours, tous les jours.

 

Tableau 3

 

ÂGE

GESTATION

NOMBRE D'ŒUFS

INCUBATION

TAUX D'ECLOSION

Uromastyx ocellata  fem1  2000

inconnu

30 jours

15

83-86 jours

93,3%

Uromastyx ocellata  fem2  2002 NC*

2 ans

34 jours

8

89 jours

12,5%

Uromastyx ocellata  fem3  2002 NC

2 ans

32 jours

10

Œufs non viables

0

Uromastyx acanthinura fem1 2001 NC

3 ans

30 jours

16

74-77 jours

94%

Uromastyx acanthinura fem1 2002 NC

4 ans

32 jours

17

76- 79 jours

58,8%

Uromastyx d. maliensis fem1 2001

5 ans environ

30 jours

7

87-89 jours

88,8%

Uromastyx d. maliensis fem2 2002

6 ans environ

31 jours

9

91-93 jours

77,7%

Uromastyx geyri 

fem1 2002

inconnu

25 jours après l’achat

8

Œufs non viables

0

Uromastyx geyri

 fem2 2002

inconnu

32 jours après l’achat

7

76-80 jours

42,5%

Uromastyx geyri

 fem3 2002

inconnu

37 jours après l’achat

14

76-85 jours

85,7%

Uromastyx geyri

 fem4 2002

inconnu

36 jours

7

Œufs non viables

0

  Gestation

  A compter du dernier jour d’accouplement, mes femelles ont, jusqu’à présent, toujours pondu environ un mois après (voir Tableau 3). D’une manière générale, il faut compter entre 4 et 6 semaines.

 

  Ponte

  Mes Uromastyx pondent une seule fois par an. Cependant, d’après certains auteurs (Doumergue, 1901 ; Bons, 1969 ; Wilms, 2001) il pourrait y avoir deux pontes par an, séparées par une petite période de repos pendant l’été chez U. acanthinura.

  Une semaine environ avant la ponte, la femelle s’arrête de manger et elle commence à creuser un peu partout, de manière de plus en plus acharnée à mesure que la date de la ponte approche. Chez Uromastyx acanthinura et Uromastyx ocellata des renflements abdominaux peuvent parfois trahir la presence des œufs, mais pas nécessairement.

  D’une manière générale, la femelle accepte le site de ponte avec lequel elle a déjà eu le temps de se familiariser ; pour la sécuriser encore plus j’enlève le mâle qui a la facheuse tendance de ‘squatter’ ce pseudo-terrier. Si elle refuse d’y pondre, je vérifie la température (qui ne doit pas être plus élevée au fond de la boite par rapport à le surface) et l’hygrométrie (la vermiculite doit être légèrement humide).

  Une fois la ponte effectuée, je retire les œufs en prennant garde à ne pas les retourner et je les place dans l’incubateur. La femelle continue pendant une, deux semaine à "protéger" son site de ponte en empechant le mâle de s’y approcher, en soufflant et en le poursuivant jusqu’aux frontières de ‘son’ territoire.

  Les nombre des œufs pondus varie selon l’espèce, l’âge et la taille (voir Tableau 3).

 

  Incubation

  Les œufs sont placés dans une boite avec un couvercle troué et remplie de tourbe séche ; cette boite est ensuite placée dans un incubateur où la température est de 31-32°C et l’humidité de 100% environ. Ces données sont maintenues constantes pendant la durée de l’incubation, en moyenne entre 80 et 90 jours (voir Tableau 3).

  Jusque–là, l’incubateur dont je me sers est du genre "fait–maison" : un vieux frigo débranché et équipé d’un câble chauffant relié à un thermostat et qui traverse en partie un bac d’eau de la taille du bac à légumes du frigo. Cela me permet d’avoir un environnement isolé, saturé d’humidité et à une tempèrature constante : ces données je les retrouve dans les boites car les couvercles sont trouées. D’autres moyens peuvent être envisagés, par exemple certains éleveurs (Wilms, 2001) prefèrent incuber les œufs dans une boite fermée sans aerations et remplie de vermiculite, tout en humidifiant légèrement avec une seringue la vermiculite au fond de la boite, et en ouvrant celle-ci de temps en temps pour permettre le renouvellement de l’air.

  Quoiqu’il en soit il est imperatif que les œufs ne soient pas posés sur un substrat humide sous peine de les voir moisir. En bref : substrat sec dans un environnement saturé d’humidité.

  En 2000 et en 2001 j’avais remarqué que, quelques jours avant l’éclosion, les œufs commencaient à ‘perler’, c’est-à-dire que des goutelettes se formaient sur la surface. Par contre, en 2002 les œufs ont commencé à se dégonfler une semaine-dix jours avant l’éclosion et il n’y a pas eu des goutelettes.

 

  Naissance

  Les naissances sont echelonnées sur 3, 4 jours.

  Le taux d’éclosion varie entre 60% et 80% (voir Tableau 3) en comptant également les œufs non fécondés.

Les nouveau-nés U. acanthinura et U. d. maliensis mesurent 89cm environ de longeur totale pour 6gr environ de poids; les nouveau-nés U. geyri  et U. ocellata sont un peu plus petits, 78cm environ de longeur totale pour 3.54.5 gr environ de poids. Ils sont tout de suite bien vifs et ils commencent à manger deux, trois jours après la naissance.

  La croissance est relativement importante les premiers mois. Ensuite, dès que la photopériode diminue, elle ralentit considerablement et elle s’arrête en novembredécembre. Avec le retour de la "bonne saison" la croissance reprend avec vigueur : à l’âge d’un an, par exemple, les jeunes U. acanthinura mesurent 20cm environ pour 85gr de poids, alors que les jeunes U. d. maliensis mesurent 18cm environ pour 50gr de poids.

  Une mésaventure qui a frappé les premiers mois de vie de mes petits Uromastyx en 2001 est riche en enseignements. Dans un texte d’éleveurs américains j’avais lu qu’ils donnaient à manger à leurs nouveau-nés les excréments des parents : ceci me paraissait sensé car ce genre de ‘nourriture’ favorise la création de la flore intestinale et cette pratique est courrante dans la nature chez les animaux végétariens (Iguana iguana, entre autres, mais aussi chez certains mammifères comme le koala). Malheureusement, quelques jours après avoir ainsi nourri mes bébés Uromastyx, certains d’entre eux ont commencé a avoir la diarrhée et 10 sont morts avant d’avoir pu être soignés. L’année suivante je n’ai pas répeté l’expérience et les jeunes ont grandi normallement. Par contre, le fait que pendant les deux premiers mois de vie ils mangent systématiquement leur propres excréments ainsi que ceux de leurs frères et sœurs n’a pas d’effets négatifs sur leur santé.

 

Maladies et soins

 

  Si je me refère à mon expérience, je peux dire que dans l’ensemble Uromastyx est un lézard robuste :

-          quand il est maintenu en des bonnes conditions de température et d’hygrometrie ;

-          quand il est bien nourri (végétaux variés et très peu d’insectes, vitamines et calcium en des proportions adéquates) ;

-          quand on lui donne des UVB, des UVA et une bonne luminosité ;

-          quand il évolue au rythme correct des saisons pour ce qui concerne la durée du jour et les changements de température jour-nuit ;

-          quand il est maintenu sur un substrat qui ne peut pas lui causer une occlusion intestinale dans le cas, frequent, d’ingestion accidentelle ;

-          quand il est entouré d’un décor qui tient compte de sa nature de ‘creuseur de terriers’ et ‘mangeur de plantes’ ;

-          quand il n’est pas soumis à des situations de stress continu (dominance voir agression de la part de ses congenères).

  Il faut toutefois faire la difference entre un animal né en captivité et un animal fraîchement importé. Ce dernier arrive avec déjà un parcours de capture-stokage-transport etc. qui l’a affaibli et rendu très vulnérable aux maladies. C’est donc à l’achat que je ‘trie’ pour avoir le maximum de chance d’avoir un lézard qui s’adaptera à la captivité et, de plus, se reproduira. Je n’achète donc pas des Uromastyx trop maigres (en regardant notamment la queue), qui ont un ‘regard éteint’, des abcès, des graves problèmes de mue, des résidus de diarrhée au cloaque, du mucus dans la bouche (symptôme de problèmes respiratoires)…..

  Les animaux d’importation sont souvent parasités, ce qui peut ne pas être evident au coup d’œil. Il faut donc procéder au déparasitage, sous contrôle de votre vétérinaire, notamment avec du Flagyl® car les amibes sont parmi les parasites les plus fréquemment rencontrés chez les Uromastyx. Le Panacur® est aussi un bon vermifuge contre les oxyures présentes en grande quantité dans leur tube digestif. Une thérapie qui doit être éffectué d’urgence si le lézard présente des symptômes de diarrhée ou de sang dans les selles.

  Pour lui faire prendre un éventuel traitement par voie orale (et aussi pour regarder s’il n’a pas une stomatite), le principal problème est de reussir à lui ouvrir la gueule, car il possède une force impressionante dans la machoire. 

  Une méthode que j’emploie consiste à lui ‘chatouiller’ avec le pouce et l’index les coins des lèvres avec un mouvement doux mais repetitif de va-et-vient. Ca marche la plupart du temps et c’est la seule manière d’y arriver sans dommages car en forcant on risque de lui casser des dents ou de le blesser, ce qui peut entrainer par la suite une stomatite très dangereuse.

  Les maladies respiratoires sont parmi les plus courantes chez les Uromastyx, il suffit parfois d’une baisse trop importante de température ou d’un courant d’air. Pour soigner ce genre d’infection il faut employer des antibiotiques que votre vétérinaire vous prescrira. Ce que je veux faire remarquer à ce sujet est que si votre vétérinaire n’est pas un spécialiste des reptiles vous devez lui dire qu’il s’agit d’un lézard végétarien afin qu‘il ne lui donne pas des antibiotiques à spectre large qui risquent de detruire sa flore intestinale.

  J’ai aussi eu à faire à des problèmes de mue, c’est-à-dire que pendant la mue (qui peut se derouler sur plusieurs jours ou semaines) la peau devient rèche et ‘s’effrite’ en lambeaux minuscules ; dans ce cas je lui fait prendre un bain d’eau tiède et je le badigeonne avec une pommade hydratante, comme la Biafine®.

  Un autre problème auquel j’ai été confronté est relatif au fait qu’il s’agit de lézards qui sont ‘programmés’ pour creuser tout le long de leur vie dans des terrains souvent durs et pierreux, donc ils ont les ongles adaptés pour cela. En captivité, cette activité étant très reduite, les ongles poussent de manière anormale, ils peuvent donc se casser en provoquant des panaris ou des abcès ou encore il peut y avoir des déformations des doigts. J’ai par conséquent pris l’habitude de couper regulièrement les ongles de mes Uromastyx.

 J’ai aussi observé que chez certains individus (souvent nés en captivité) se formaient des petites croûtes jaunâtres sur les lèvres : un problème qui doit être traité avec une pommade antibiotique tandis que mes tentatives de nettoyer la croûte avec du désinfectant n’apportaient aucun changement, sinon le risque d’enlever des écailles.

 

Conclusion

 

  Vu l’aire de répartition des Uromastyx, il est facile de recréer des conditions de maintenances adéquates pour non seulement pouvoir les maintenir mais aussi pour les amener à se reproduire. En effet, il est beaucoup plus facile de pouvoir statisfaire des besoins important en chaleur, que le contraire (les systémes de refroidissements sont onéreux et mal adaptés à la terrariophilie). De plus, Uromastyx est herbivore ce qui simplifie encore sa maintenance.

  Encore trop peu sont reproduit en captivité en France, il serait souhaitable qu’un nombre plus élevé de personne s’adonne dans l’avenir à l’élevage de ce lézard au comportement si captivant.

 

Références

                                                                                                         

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