On parle beaucoup d'une moralisation nécessaire des pratiques terrariophiles. Certains sites se sont même spécialisés dans la voie d'une critique systématique de la terrariophilie, préférant la position confortable de l'inquisiteur à celle plus délicate et peut-être plus courageuse de l'avocat de cette drôle de passion si souvent diabolisée.
Je ne souhaite pas revenir ici sur le tableau désastreux qui nous est
si souvent dépeint par tel ou tel de ces anti-terrario : prélèvement
aveugle dans les milieux naturels, conditions de vie inadaptées et souffrance
des animaux, dérive mercantile, trafic systématique, inconscience
des éleveurs
Nous connaissons cela par cur, il suffit de lire
le journal, d'en parler avec nos chers voisins ou parfois même lors d'un
dîner en famille et les mêmes litanies reviennent !
Deux types de défense, à mon avis tout à fait complémentaires
et surtout inséparables, sont alors nécessaires :
La première consiste à nier les accusations fausses fondées
sur des observations désormais obsolètes. Ce type de défense
consiste donc à refuser l'état des lieux dressé par nos
adversaires.
A ce tître, il est tout à fait juste de rappeler que les plus grands
dangers écologiques ne sont pas le fruit des terrariophiles amateurs
: TOTAL, EDF, les entreprises de déforestation pour produire nos salons
de jardin en bois exotiques, la DDE, la chasse dans les zones humides protégées
(plomb dans les mares de reproduction des amphibiens) font et feront malheureusement
toujours plus de mal que le passionné parcourant les salons européens
à la recherche d'un couple de dendrobates tinctorius, né en captivité
en Allemagne
pourtant vous savez tous lequel de ces protagonistes sera
inquiété par la justice
De la même façon il faut rappeler sans cesse au public, aux
non-terrariophiles, par le biais d'expositions, de visites dans les écoles,
de publications, de piges dans des journaux non spécialisés, le
caractère profondément respectueux pour la vie animale de notre
hobby. La terrariophilie bien comprise ne peut déboucher que sur une
écologie active, rationnelle et éclairée. De la même
façon, la protection des espèces doit s'appuyer sur les connaissances
terrariophiles : on ne peut sauver que ce que l'on connaît. Une association
qui ne se contenterait que de mettre en rapport des spécialistes, d'une
façon totalement hermétique, sans soucis d'une information auprès
du public ne sera d'aucun secours pour l'avenir (sombre ?) de notre passion
et surtout pour celui (très sombre ?) des espèces animales que
nous essayons de sauver d'une extinction irréversible.
Ceci dit, ce type de défense ne doit pas nous masquer les dérives
qui, il faut le rappeler, sont toujours aussi importantes : Il est vrai que
celles-ci sont souvent dues à un non respect des lois en vigueur : nécessité
du CDC et surtout application des règles d'hygiène et de sécurité
auquel tout capacitaire doit se soumettre (il ne suffit pas d'avoir le permis,
il faut continuer à en appliquer le code et les lois). Si tous les terrariophiles
respectaient ces règles élémentaires la plupart des problèmes
seraient évités (évasions, accidents, maladies, ect
).
Cependant cela ne suffit pas à tout expliquer : on peut parfaitement
être tout à fait dans son droit et continuer à être
un très mauvais terrariophile.
Plus clairement : Nous ne devons pas attendre passivement des hautes institutions
ce que doit être notre conduite, nous ne devons plus attendre fébrilement
de quelle façon sera réglé notre sort par des ministères
succesifs et contradictoires mais nous devons prendre les devants et dès
maintenant nous fixer nos propres règles (bien sûr- cela est évident-
tant qu'elles restent en accord avec la loi) et ce n'est que grâce à
ce travail préalable que nous pourrons espérer un texte de loi
rationnel et mesuré. En bref, ce n'est qu'en se dotant d'une déontologie
- c'est à dire d'un texte créé par un groupe pour se fixer
un certain nombre de règles communes en vue d'une pratique éthique-
que nous pourrrons faire face aux différentes critiques de nos détracteurs.
Il ne s'agit pas ici pour moi de donner une solution personnelle mais de faire
écho à un chantier qui de toute façon commence à
voir le jour dans toutes nos discussions associatives. Nous sommes tous scandalisés
par certaines pratiques, nous avons tous, une fois ou l'autre, été
spectateurs des conséquences de mauvais traitements à un reptile,
d'installations publiques, commerciales ou privées ne respectant aucune
des règles élémentaires d'hygiènes
.ect, ect
Une
chose est sûre : La majorité d'entre nous ne souhaite pas être
associée à ces pratiques, nous les condamnons et les refusons
avec fermeté.
Un tel texte permettrait alors de se reconnaître au sein d'une pratique
cohérente.
A mon avis, trois moments distincts -l'arrivée (l'achat, la préparation),
la pension ( la cohabitation avec l'animal) et la finalité (reproduction,
don et vente)- peuvent structurer les étapes déontologiques de
la terrariophilie. Voici quelques idées
à débattre
.
++++++
Principe : La vocation de la terrariophilie est la protection, l'élevage et la reproduction d'êtres sensibles devant être traités en conséquence.
ART.1 L'ARRIVEE
Le but de la terrariophilie n'est pas la collection mais la protection et l'élevage
des espèces. Ces deux finalités entraînent donc des conséquences
non négligeables :
PROTECTION c'est à dire refus de l'achat d'animaux importés (un
tel achat doit être réservé à des éleveurs
confirmés dans le but d'une reproduction et donc dans celui d'une supression
-à plus long terme- de nouveaux prélèvements).
L'ELEVAGE nécessite une parfaite connaissance des besoins de l'animal
(on vend malheureusement toujours plus d'animaux dans les animaleries que de
livres et de documentation
), préparation du milieu de vie AVANT
l'achat, préparation d'un plan alimentation (chiffrage de l'achat des
proies ou mise en place d'un élevage parallèle), prise de contact
avec des éleveurs (vive les assos ! !)
Cela signifie que nous n'achetons pas pour revendre ou pour échanger
à nouveau (nous parlons ici d'une déontologie pour des terrariophiles
amateurs).
Cela signifie que nous préférons toujours un rapport direct avec
un éleveur ou un vendeur compétent qu'un achat par correspondance.
ART 2 LA PENSION
Tout animal est un être sensible et doit être traité en conséquence.
Nous ne faisons pas collection d'articles de mode, de bibelots et encore moins
d'armes. Dès lors, l'esthétique (certes, non négligeable
en terrariophilie) de l'espèce choisie ou du terrarium doit toujours
céder le pas sur le bien-être de l'animal (un caméléon
n'appréciera que moyennement la transformation de son terrarium en table
de salon
). De préférence, une pièce est consacrée
à nos élevages. Pas d'achat pour impressionner : " élever
du molure "comme on le lit sur certains forums, n'est pas un gage de virilité,
faut-il le rappeler ? ? ? :
Il faudrait ici affirmer notre profond attachement
à la notion de respect de la vie animale dont la valeur est indépendante
et supérieure (les philosophes diraient transcendante) à toute
idée de prix, de rareté ou de beauté.
Dans cette optique, la mise en accord systématique avec le système
législatif reste un objectif prioritaire ( même si en l'état
actuel des textes, cet objectif reste lointain) : la clandestinité ne
peut que nuire non seulement à l'image de la terrariophilie mais aussi
au bien être de l'animal (risques de poursuites judiciaires entraînant
des difficultés d'accès aux services véterinaires pour
les non-capacitaires).
ART 3 LA FINALITE
La finalité de l'élevage est la reproduction et la perpétuation
des espèces en captivité.
En ce qui concerne une REPRODUCTION éventuelle et désirée
: Nous devons envisager toujours le pire, (ex : garder six mois avant de les
vendre une dizaine de Pogonas juvéniles
.), nous devons préférer
l'échange ou la vente à " prix cassé " à
des éleveurs confirmés ou a des passionnés, plutôt
qu'une vente confortable à de parfaits inconnus sur le net
préférer,
de la même façon, la vente sur sa région (en tout cas éviter
les envois). Toujours envisager et proposer aux acheteurs une reprise des animaux
Ce n'est qu'en développant une véritable information dépassionnée
et non-élitiste que nous pourrons efficacement boycotter les établissements
de commerce et les éleveurs particuliers qui ne respectent pas les règles
déontologiques élémentaires de la terrariophilie.
LOUIS GEORGES BOURDAT-SAINSEVIN